1/ Qui es-tu ?
Je suis Arnaud, prof des écoles dans la vie et Ci Siamo (prononcé chi siamo) sur scène.
Pour ce pseudo, comme dit Renaud « je pourrais expliquer mais ça prendrait des plombes ».
Pour faire court, ça veut dire « nous y sommes » en italien (dédicace à ma famille sicilienne) et renvoie au fait d’être ensemble mais aussi de se lancer.
J’écris des textes depuis le lycée, période Nirvana, cheveux long mode serpillière, garage et massacre des tympans de la famille du pote chez qui on « jouait » notre musique.
Une fois arrivé à Reims, j’ai découvert les scènes ouvertes proposées par les ateliers.slam.com et j’ai été émerveillé par tant de talents et de diversités, ce qui m’a farouchement donné l’envie de revenir et de monter sur scène.
La soirée de ma première scène n’était pas forcément agréable parce que l’attente était assez stressante. A chaque « et le prochain slameur est un…slameur », j’espérais mon tour pour être libéré mais, ce soir-là, je suis passé ... vers les derniers.
Mais une fois sur scène, j’ai adoré la bienveillance du public qui m’a encouragé lorsque j’ai eu mon petit oubli m’obligeant à sortir ma feuille. J’ai débuté par un véritable moment de partage.
2) C’est quoi le Slam pour toi ?
Le slam, c’est un grand troc d’émotions.
Le slameur ouvre son cœur et donne de son corps. Il se livre, se met en danger.
Le spectateur reçoit ses mots qui lui provoquent des émotions…émotions qu’il renvoie aussitôt par ses réactions.
La relation slameur-spectateur est à la fois très duelle et très collective.
Finalement, le slam est l’une des meilleures représentations des rapports humains.
3/ Quelles sont tes sources d’inspirations ?
J’ai été marqué très tôt par les textes de Brassens.
Cette maîtrise de la langue mêlée à des propos tellement avant-gardiste me laisse en admiration.
Dans la même veine, je me délecte de Renaud (celui du XXe siècle, je précise) et de ses textes coups de cœur ou coups de poing.
Les autres slameurs m’inspirent énormément.
Des émotions suscitées par Boost à la diversité du Mime Marteau en passant par la technique du Slamouraï de Chine (et je pourrai en citer bien d’autres, hein, j’veux pas faire de jaloux), tout cela fait que je suis en perpétuelle réflexion sur ma pratique.
Mais j’aime tellement jouer avec la langue que je ne sais plus m’arrêter et parfois j’ai l’impression que certains de mes textes ne se lisent plus qu’ils ne s’écoutent.
Souvent par des comparaisons, j’évoque ce qui m’agace ou ce qui m’émeut.
Le fait est que je suis déjà nostalgique du temps passé (ouais, je sais, c’est qu’un début).
4/ Comme tout slameur, tu as sûrement quelque chose à ajouter ?
Pour finir (à lire avec un morceau de piano bien hollywoodien)
Merci aux ateliers slams pour ce qu’ils font.
Proposer un tel temps d’écoute et d’expression est une chose rare et précieuse.
Merci à Isa Edoras puisque c'est elle qui m'a fait découvrir l'asso, merci à Yohan avec qui on se découvre beaucoup d'éléments en commun (toi-même tu sais) et merci à Laurent qui depuis le début ne cesse de m'encourager.
Merci également à ma chérie qui tend toujours l'oreille (et la bonne) et m'aide à me construire en tant que slameur (entre autre).
5/ Un texte de ton cru? (à lire ci-dessous)
Et aussi un 2nd texte en vidéo parce que le slam avec le son, c'est encore mieux!!
Cliquez ici: Vidéo à La Cartonnerie, Reims. 2017
Manifeste pour l'incompatibilité à la comptabilité ou l'histoire d'un homme qui veut choisir sa vie.
Voici l'histoire d'un homme qu'on tend à devenir comptable
Et cet homme mécontent de l'avenir qu'on table (pour lui)
Ne veut pas être comptable, non !
Il rêve d'un poste à IKEA
Non ! Non ! Non !
Ça ne sera pas un comptable
Pas une de ces personnes qu'on lie
à son bureau, à son cartable
ceci l'incommode, oh oui !
Un homme qu'on lie ? Super ! Posez
immédiatement ce crayon.
Il ne signera pas. Pas la peine de causer
Car d'la compta, il en connaît un rayon
Oui il sait qu'le comptable bas-
cule fatalement dans l'oubli,
Noyé dans une mer de chiffres, hélas
Les taux l'écrasent, c'est un fait (d') établi.
Non, il ne sera pas un comptable allongé.
Alors ...
Quand on lui demande quelles études il fait,
monsieur meuble, bafouille comme un bêta bourré.
Non il n'assume pas ce qu'il fait
Il en refuse le sacrifice
même si chez les Martin, c'est un fait
on est comptable de père en fils
Mais alors il n'est pas trop tard
Il lui faut sortir du placard
Ses parents doivent savoir qu'leur fils
aime les armoires à glace à vis.
Ainsi
pour atteindre son ...but
Il fera table-rase du passé
Son père le cuisinera mais...zut !!
qu'on n'lui parle pas du confort ama ….ssé
Son père le voit comptable depuis qu'il est jeune
Le goût des chiffres ne vient pas des gênes
Tant pis s'il déçoit Paul et Jeanne,
mais lui rêve de son polo jaune
Et un jour , tout bascula
Quand Paul lui montra le panneau
« comptables Martin père et fils »
Non, je préfère taire les propos
oh, une sombre histoire d'orifice
Notre homme avoua sa préférence
pour un monde fait de références
de brèves errances de la ménagère
Non, il n'appliquera plus
les tours de vis que l'état gère
C'est une véritable déroute
un chang'ment de plan radical
Il le croit sur une autoroute
et s'aperçoit que son fils cale
Son père en tomba de l'armoire
le considéra dès lors mort
Sa mère en pleurs lui dit au r'voir
Son père s'emplira de remords
Le doux goût salé des joues de sa mère
face au
dégoût, lassé des joutes avec son père
Enfin libre, notre homme poussa
les portes de son paradis
Saint Pierre, en rangeos, annonça :
« pour les embauches, c'est vendredi »
Mais vendredi
L'entretien est bien délétère
Ils ne recrutent que des stagiaires
Une véritable crise-prol...étaire
Il est dé...çu-et-doit si faire
Alors, une dernière offre est mise sur la table.
Après un temps pour y songer
Il signa l'offre, paniqué à
l'idée de n'pas être engagé
Une offre...
Au service compta d'IKEA.
Ci Siamo
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