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24 mars 2024 7 24 /03 /mars /2024 17:57
Notre prochain slameur est une... slameuse!

1/ Bonjour, qui es-tu ?

Je suis Marie, alias Marie-Caillou, mon "vrai" prénom étant Marie-Pierre, mais je défie quiconque d'oser m'appeler comme ça !

Millésime 1966, exceptionnel pour le vin, mère de 3 grands enfants. Je pratique pas mal d'activités en amateur: équitation, course à pied, piano. Je suis une besogneuse, plutôt perfectionniste, mais j'aime aussi sortir boire un verre, passer des soirées entre amis, jouer, débattre, rire, écouter et observer les autres. Depuis très jeune, j'aime la poésie, l'écriture, la sonorité des mots.

C'est Bambi, une slameuse bien connue aux Ateliers Slam.com, qui travaille dans le bureau à côté du mien, qui m'a initiée au slam. Elle parlait souvent des scènes slam, nous a lu quelques-uns de ses textes, et j'étais admirative. Elle m'a proposé de venir à la prochaine scène, et j'ai voulu me lancer tout de suite: j'ai écrit mon 1er slam et je suis montée sur scène (en slam de calibrage) la 1ère fois que je suis venue, en mars 2023. Bambi et mon homme ont été mon 1er public avant la scène, ils m'ont encouragée, rassurée, et j'ai chopé le virus ! J'ai eu envie de revenir à chaque fois !


 

2/ C’est quoi le slam pour toi ?

Pour moi, le slam c'est le rythme avant tout. Et aussi transmettre une émotion, raconter quelque chose de perso ou complètement inventé, mais faire passer le courant à travers les mots. C'est la liberté d'expression à l'état pur, on peut dire ce qu'on veut, être qui on veut, et c'est toujours très fort. J'adore les deux versants du slam: l'écriture, qui est un exercice qu'on a tendance à perdre, et l'oral, que je vois comme un défi sur moi-même, parce que c'est un vrai challenge que de se retrouver sur scène devant une centaine de personnes !


 

3/ Quelles sont tes inspirations ? D’où te viennent tes idées ?

Mon inspiration vient de différentes façons: aussi bien une scène de film, une réflexion entendue quelque part, une lecture, une punchline de rap, une discussion. Parfois, il suffit de 2 ou 3 mots, et ça part. Mais il faut être honnête: écrire un slam dont je peux être fière, c'est quand-même difficile pour moi, ça demande pas mal de travail. Au fait, l'IA n'est pas et ne sera jamais une option !


 

4/ Une chose à ajouter ?

Ce qui me marque particulièrement, c'est le niveau de cette scène slam. A chaque fois, je suis impressionnée par les autres slameuses et slameurs ! Je me sens encore toute petite, surtout face à ceux qui slament par cœur, ce dont je me sens incapable. J'aimerais avoir plus d'assurance, d'éloquence sur scène, mais malgré tout, je ressens toujours beaucoup de bienveillance, jamais de critique méchante. j'aime aussi les failles, les petites erreurs, la sensibilité sur le fil, les trous de mémoire, les liaisons dangereuses. Chacun son style, chacun est légitime dans son expression. Et ça, c'est un vrai trésor ! 

Ah si, je voulais aussi évoquer l'expérience du Slam sur la langue, auquel j'ai assisté en septembre 2023. C'était du slam de haut vol, des textes magnifiques, des interprètes habités, captivants. Un grand moment !


 

5/ Un de tes textes : Langue vivante.

J’ai 3 minutes M’sieur Dam.

3 minutes c’est chaud pour clamer que ma came

C’est les mots, le texte académique ou argotique,

Rouler un big French-kiss à la syntaxe,

Galocher ma langue comme je la kiffe,

Gang-bang de jargon francophile.

J’aime quand les phrases claquent comme mon fils au Blackjack,

Le tempo cardiaque vif des punchlines de rap,

Flow jouissif d’OrelSan, anadiploses d’IAM.

Le mot pour le plaisir du mot.

Ecrire sur le fil de l’impro ma prose de noms communs,

Comme un imposteur s’impose à l’heure des pros.

Je choisis les rimes à la place des rides,

Je m’arrime à ma dérive, je rame loin d’Alcatraz

Je trace…, des lettres, des phrases,

et je vous les recrache, sans emphase, à l’arrache,

Par amour de la tchatche.

Ma langue,

Fait du subjonctif imparfait - ce temps si parfait -,

Des verbes trop classe qui riment avec salace ou culasse…

Pourquoi eût-il fallu que j’m’en débarrassasse ?

Ma langue,

C’est un vecteur, un virus qui vole de ma voix à votre cerveau, le viole et l’envenime.

C’est les cris, la clameur des clans, cacophonie publique, vacarme qui revendique jusqu’à la dictature tyrannique.

C’est l’enchâssement minutieux de mots consciencieusement choisis qui s’assemblent, scellés en pierres précieuses, ouvrage de sertisseuse ;

Ma langue,

C’est la grossièreté dure, celle qui se dégueule sans un gros mot mais grave dégrade, griffe, défigure ;

C’est susurrer une obscénité douce à ton oreille, voir tes yeux ciller, sourire et se baisser ;

Laisse-moi la plier dans tous les sens de ses termes

La tourner en verlan, en vers renversants, postmodernes,

La soumettre à mes exigences, maitresse SM en puissance,

En jouer sans partoche, free style comme Sofiane, double-croches de slam.

Ma langue,

C’est une grande Dame, faut lui dire « s’il-te-plaît »,

Mais qui s’laisse approcher car elle est polygame

Elle tire à la Kalash quand t’es dans son viseur

Fait feu ! et bim, t’as pris une balle dans l’cœur !

Ma langue,

Il paraît qu’elle fait peur,

Peur de s’égarer dans sa grammaire de grand-mère,

Peur de bafouiller quand tu la fouilles de trop près

Mais faut faire des erreurs pour tout recommencer.

Ma langue,

Qu’elle soit de pute, maternelle ou savante,

Elle s’aventure, évolue, se réinvente

Elle est mouvante, émouvante,

C’est une poucave qui se vante,

Et tant qu’on sera là, vous et moi, Elle restera vivante.

 

Marie Caillou

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